Je participais à Rome à la 4ème édition de « UNICA student conference » lorsque Nicolas Sarkozy siffla à Saclay la fin de partie de l’autonomie universitaire[1]. Certes, il tenta de sauver la face en déclarant que « les décisions (…) ont été prises d’abord par les établissements déjà présents ou qui sont appelés à s’y installer ». Mais ce fut ensuite pour se comporter comme un pion de collège en les gourmandant : « l’effet campus n’est pas seulement scientifique. Il ne faut pas que chacun conserve ses propres services. Sur tous les grands campus du monde, les installations sont communes à tous. Je sais que les premiers projets d’aménagement tiennent compte de cela. Mais je connais mon pays. Je sais combien les vieux réflexes de repli sur soi y sont parfois tenaces : mon restaurant universitaire, ma cantine, mes logements pour mes étudiants. Ici, la communauté d’usage sera la règle, l’usage exclusif de l’exception. Je m’opposerai à tout ce qui serait un frein au mélange des étudiants, au mélange des personnels, et à tout ce qui ne favoriserait pas une mutualisation maximale de toutes les infrastructures sur le plateau de Saclay ». Nous voici ainsi revenu au temps du politburo. Mais de telles palinodies de la part de celui qui a transformé Neuilly en cocon pour riches ne trompent plus personne. Toutes les grandes universités au rang desquelles Sarkozy se targue de hisser une dizaine d’universités françaises ont la maîtrise de leurs outils de vie étudiante.
Emblématique de l’apathie universitaire qui étouffe Paris Sud, son président Guy Couarraze se réjouit que Nicolas Sarkozy « ait bien perçu l’engagement de Paris-Sud dans ce projet commun ». Le patron de Télécom Paris, ravi d’être vassalisé, se réjouit pour sa part du « scoop » délivré par Nicolas Sarkozy. Le PDG de polytechnique Xavier Michel quant à lui, se référant aux infrastructures partagées que Nicolas Sarkozy appelle de ses vœux, indique qu’il « n’a pas de problème de principe avec cela, il faut simplement que cela se fasse de façon pragmatique ». On verra bien ce que pragmatique signifie dans sa bouche, combien d’étudiants d’Orsay seront accueillis dans les logements de polytechnique et combien d’élèves polytechniciens accepterons, si tant est qu’on le leur propose, d’habiter au CROUS de Bures sur Yvette ! On souhaite bien du plaisir à la docte assemblée qui a signé l’accord de consortium, créant la fondation de coopération scientifique, entré en vigueur le 18 juillet mais qui va être de fait placé sous la coupe du conseil d’administration de l’Etablissement public du plateau de Saclay dont la liste des membres vient d’être rendue publique et au sein duquel aucun de leurs établissements ne sera représenté de droit. Voici donc comment sont traitées la seconde université française et la plus prestigieuse des grandes écoles !
En réalité Nicolas Sarkozy vient de mettre bas le masque. Continuer la lecture