C’est en ces termes que Patrick Mehr, président de Plunkett Lake Press[1], a titré un point de vue dans « Les Echos ». Constatant lors de son dernier voyage à Paris le pessimisme ambiant, tout particulièrement chez les jeunes, il le met en relation avec le fait que « la sélection et la formation des élites comptent toujours parmi les activités les plus importantes du gouvernement français : dès leur enfance, les jeunes Français se préparent à passer les examens et concours requis pour entrer dans les grandes écoles (créées en 1794). Devenus adultes, ces diplômés de l’Ecole polytechnique, de l’Ecole nationale d’administration ou de l’Ecole normale supérieure obtiennent automatiquement des postes de direction dans les ministères et dans les grandes entreprises… et sont assurés de ne jamais être sans emploi ». La solution qu’il propose pour inciter les jeunes Françaises et les jeunes Français les plus créatifs à créer leur propre entreprise, « abolir tous les grands corps de l’Etat », risque fort de déclencher un pityriasis multiforme à la noblesse d’Etat.
Et pourtant cette mesure, plus que les 50 000 suppressions de postes dans l’enseignement secondaire programmées en 2010 et 2011, serait en mesure d’être le déclencheur d’une nouvelle croissance. N’en déplaise au braiement des produits de la sélection à la française, c’est bien ce nœud gordien qui tient le pays en otage. Il doit être tranché. Berlusconi a sa mafia, la France a ses écoles. Depuis 1871 la France court après l’Allemagne, mais elle a toujours un train de retard. En 1971 elle croyait posséder la meilleure armée du monde, ce fût l’humiliation de Sedan. En 1914, elle croyait en une guerre de mouvement, les pantalons garance se firent hacher menu à la mitrailleuse et le cours de la guerre ne fût tranché qu’après l’entrée en guerre des États-Unis. En 1936 ce fût l’illusion de Maginot, le refus de développer l’arme d’attaque blindée et le retard dans la construction d’une aviation militaire alors que la république de Weimar puis le troisième Reich réarmaient en secret avec l’aide de l’union soviétique que nous snobions. La conséquence fut terrible en 1940 et nous subîmes la seconde raclée de Sedan. Plutôt que de se glisser dans l’Europe allemande d’Angela Merkel, qui, pour n’être évidemment pas du même tonneau que l’Europe Allemande nazie, considère d’abord ses propres intérêts, nous ferions mieux d’examiner avec soin ses actions.
Un exemple particulièrement éclairant de l’action délétère de la Noblesse d’Etat est la façon dont est exécutée la politique universitaire de Sarkozy. Continuer la lecture