Sur public Sénat, le 26 janvier, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a jugé « indécent », que les universités passées à l’autonomie se plaignent des moyens accordés pour 2011. La pauvre Chérie, elle avait l’habitude d’avoir une CPU soumise, après qu’elle eut arrosé quelques universités à sa botte[1]. Voici qu’elle ne supporte pas que la nouvelle direction ait déclaré que le budget alloué « risque d’en mettre certaines en difficulté ». Mais comme l’a remarqué le nouveau président de la CPU, le différentiel entre les classes préparatoires et les « grandes » écoles d’une part et les universités d’autre part reste considérable (40% d’écart).
Deux faits viennent, s’il en était besoin, illustrer comment la Noblesse d’Etat a repris la main sur les universités et combien Valérie Carabosse en exerce les basses œuvres. Le premier est la différence de traitement budgétaire des « grandes » écoles et des Universités intensives en recherche. La seconde est le renforcement de la filière ségrégative des classes préparatoires. Le gouvernement a décrété la pose dans le refinancement des universités intensives en recherche, celles-ci ne verront leurs budgets hors salaire croître que de 1,5% ce qui ne compensera pas les effets de l’inflation[2], en particulier parce que cette dernière est beaucoup plus forte sur les consommables de laboratoire, et ne permettra pas la jouvence des équipements dont les prix croissent évidemment plus vite que l’inflation du fait des innovations qu’elles incorporent. Dans même temps, les « grandes » écoles voient leur budget croître de 3,5%[3]. Qui plus est, bien qu’elle ait été obligée de reconnaître la sous-estimation des masses salariales des universités, ayant pris en 2009 et 2010 leur budget global en main, la compensation n’a pas été arrêtée. Dans le même temps, la ministre annonce l’ouverture de 40 classes préparatoires supplémentaires dont la moitié se fera en partenariat avec les universités[4]. Ce qui signifie que près de 40 000 heures d’enseignement et de colles, soit environ 400 emplois et au bas mot 1 million et demi d’euros, seront transférés vers les filières ségrégatives au sein d’un budget stagnant. Il est cependant impossible d’avoir une idée précise du phénomène puisque les grandes écoles prises individuellement ne publient pas leur budget consolidé et que le plus grand flou réside dans la part réelle que les lycées allouent à leurs classes préparatoires. Continuer la lecture